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Les vices d’un faux chaman « amérindien »

La série documentaire d’Yvonne Debeaumarché et d’Hannu Kontturi propose aux téléspectateurs de se plonger dans les entrailles d’une secte environnementaliste qui a fait des ravages en Europe entre les années 1980 et 1990. D’abord diffusée en Belgique et en France, Gaïaland accède désormais aux ondes du Canada, pays d’où est originaire Pierre Doris Maltais, gourou d’Ecoovie. Le Québécois, qui a emprunté diverses identités à travers le monde et le temps, comme Norman William et Piel « Petjo » Maltest, s’est longtemps fait passer pour un chaman « amérindien », descendant soi-disant des Micmacs et des Algonquins, pour séduire, puis manipuler, de jeunes Européens idéalistes soucieux de prouver qu’un mode de vie hors du capitalisme est possible. Accompagnée par les conseils, ou plutôt les ordres, de son « guide spirituel », la « tribu » installée en banlieue de Paris ouvre un réseau de magasins bios, pratique assidûment le véganisme, la sobriété et vit recluse en forêt sous des tipis.

Alerté par les critiques croissantes de la presse et de l’entourage des membres de sa secte, Pierre Doris Maltais enjoint toutefois à ses « disciples » d’entamer une marche autour du globe pour répandre leur vision écologiste et l’espoir d’une vie meilleure. Une activité dont il ne sera, évidemment, pas de la partie… Après une dizaine d’années d’errance en Europe, dont en Italie, la communauté part pour la Finlande afin de vivre pleinement son utopie en harmonie avec la nature, toujours selon les principes « amérindiens » dictés par son leader. Trois décès tragiques — dont celui d’un enfant de trois ans — plus tard, la secte Ecoovie finit par découvrir le pot aux roses et se désagrège.

Les quatre épisodes d’une heure de Gaïaland sont ainsi tous plus palpitants les uns que les autres grâce aux témoignages sans langue de bois d’anciens adeptes de la secte. Quant à Pierre Doris Maltais, s’il n’est jamais allé en prison pour ses crimes, il aura au moins accordé une entrevue il y a quelques décennies à TVA, dans laquelle il paraît insensible et outrageusement menteur à donner froid dans le dos.

Gaïaland

Planète+, mercredi, 21 h, dès le 3 mai

CULTURE | ÉCRANS

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2023-04-29T07:00:00.0000000Z

2023-04-29T07:00:00.0000000Z

https://ledevoir.pressreader.com/article/282836490399917

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